En deux week-ends, Charles Leclerc est passé de leader du championnat du Monde à 2ème en enregistrant un abandon et une 4ème place. Des résultats compliqués expliqués par une casse moteur en Catalogne et par une erreur stratégique à Monaco. Alors que Leclerc donne tout son possible en qualifications, 2 poles lors des deux derniers GP, la voiture et l'équipe ne suivent pas. Des problèmes qui vont commencer à jouer sur le moral du pilote Ferrari qui a perdu de très gros points ce week-end au championnat. De lourdes défaites qui vont sûrement coûter cher en fin de saison.
Quelques jours après le GP de Monaco, Ferrari est à présent dans une phase de recherche et d'explications afin de comprendre ce qui a dysfonctionné chez les stratèges de la Scuderia. Iñaki Rueda, stratège en chef de l'écurie basée à Maranello explique que Ferrari a commis plusieurs erreurs fatales à Leclerc. "Avec Charles, nous avons fait deux erreurs - la première était de couvrir Pérez", explique l'Espagnol. "Alors qu’avec Carlos nous avons réalisé très tard dans son tour que nous ne pouvions pas couvrir Pérez, avec Charles nous avions un grand écart sur la Red Bull à notre avantage et nous pensions pouvoir couvrir Pérez".
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Le stratège de l'écurie italienne explique qu'ils ne s'attendaient pas à voir autant de rythme sur les pneus intermédiaires. "Au début du 18ème tour, Charles avait plus de 10 secondes d’avance sur Pérez", rappelle Rueda. "Nous pensions que cet avantage allait se réduire car Pérez, en pneus intermédiaires, était beaucoup plus rapide que Charles. Nous avions regardé d’autres F1, nous avions des données des voitures, et nous pensions que cet écart se réduirait d’environ 10 secondes à […] trois au pire. Mais nous avons vu cet écart de 10 secondes se réduire. Lorsque Charles passe […] la dernière référence de chronométrage que nous avions indique qu’il devance Pérez d’une seconde".
Ferrai ne s'attendait pas à un si grand écart de performance pneumatique. "Ce à quoi nous ne nous attendions pas, c’est que Pérez soit 9 secondes plus rapide dans ce tour, et à cause de cela, nous avons perdu la course avec Charles. […] Au 21ème tour, nous avons pensé que la piste était bonne pour les pneus slicks. En même temps que nous faisions rentrer Carlos pour essayer de garder la tête de la course, nous nous sommes dit ’Faisons rentrer Charles pour essayer de faire l’undercut sur Pérez'. […] Nous avons regardé les écarts, et l’écart entre nos voitures était de 5 secondes - il était temps de faire un double arrêt".
Cependant, ce n'était pas le bon moment pour faire un tel pari. "Un doppio [double arrêt, en italien] confortable se fait avec six secondes entre les voitures. Comme les voitures se rapprochaient de plus en plus de l’entrée des stands, l’écart s’est réduit, et à l’entrée des stands, l’écart n’était plus que de 3 secondes et demie. Nous avons fait une tentative de dernière minute pour essayer de dire à Charles de ne pas rentrer, mais c’était trop tard".
La relation Leclerc - Ferrari mise à mal selon Brundle
Suite à la découverte de cet incident, Ferrari s'est rendue compte que ces diverses erreurs ont même coûté un podium à Leclerc. « Dans ce double arrêt, Charles a perdu deux secondes. C’était crucial. Pourquoi ? C’est ce qui a permis à Verstappen de sortir devant Charles un tour plus tard. On a un goût doux-amer, on a fait de très bonnes choses, d’autres dont on n’est pas très fier". Cependant, l'équipe en est certaine, ces erreurs les feront revenir plus forts dans le futur. "Nous sommes retournés à l’usine, nous avons analysé ce que nous avons fait de bien et de mal, nous avons mis à jour nos outils, nos procédures, et nous nous assurons que nous revenons plus forts de cette expérience".
Ces erreurs Ferrari et Leclerc les ont payées cher. En effet, le Monégasque a perdu la tête du championnat pilotes. Ferrari a, quant à elle, perdu la tête du championnat constructeurs. Selon Martin Brundle, la relation passionnelle entre Ferrari et Leclerc est mise à mal actuellement suite à ces incidents. "Vous ne pouvez qu’être désolé pour le héros local Charles Leclerc," affirme Brundle. "Il a signé une pole incroyable et menait confortablement la course, mais la stratégie l’a condamné à terminer 4ème".
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Le consultant pour Sky Sports revient sur cette stratégie compliquée qui a condamné le héros monégasque. "Il s’est arrêté au 18ème tour pour chausser les intermédiaires, puis à nouveau trois tours plus tard pour les slicks après qu’un message radio confus l’ait contraint à s’arrêter derrière son coéquipier Carlos Sainz qui était rentré juste avant lui. Avant ça, il avait subi un undercut de la part de Sergio Pérez pour la 2ème place puis a rétrogradé à la 4ème après ce deuxième arrêt."
Alors que Leclerc incarne le visage de la jeunesse et du renouveau chez Ferrari, la relation entre les deux parties n'est pas sans rappeler la collaboration entre Schumacher et Ferrari au début des années 2000. Une relation pourtant passionnelle mais mise à mal selon Brundle. "L’admiration et l’affection mutuelles qui existent entre Leclerc et Ferrari me rappellent la relation qu’avait Michael Schumacher avec cette équipe, mais celle-ci est mise à rude épreuve du côté de Leclerc, qui vient de perdre deux victoires et la tête du championnat en l’espace d’une semaine".
En effet, Leclerc a perdu gros cette semaine alors que son pilotage est quant à lui, irréprochable. Le Monégasque accuse un retard de 9 points sur son rival Néerlandais et sent déjà la menace Sergio Pérez qui pèse sur lui à 6 petites longueurs de lui. Prochain rendez-vous à Baku, Grand Prix d'Azerbaïdjan où Leclerc avait signé une belle 4ème place l'an passé juste derrière son ami, Pierre Gasly.