Invité de 'Formula One' sur Canal +, Romain Grosjean est revenu sur son terrifiant accident de dimanche dernier, lors du GP de Bahreïn. Le pilote français livre une version glaçante et émouvante.
Sorti quasiment indemne d'un terrifiant accident dimanche dernier, Romain Grosjean était l'invité de 'Formula One' sur Canal + hier soir, lors d'une émission spécialement dédiée au Français. Le pilote Haas est revenu sans concession sur ces derniers jours, et livre un récit glaçant, mais ô combien important, sur son crash vécu de l'intérieur.
"Me rasseoir, attendre, regarder sur le côté gauche, et voir une grande lumière orange"
Alors que les images ont déjà fait le tour du monde ces derniers jours, Romain Grosjean est revenu sur son terrible accident lors du GP de Bahreïn, sur le plateau de Canal +, avec Thomas Sénécal et Julien Fébreau en plateau.
Le Français raconte sa version des faits.
"C'est pire de l'extérieur que l'intérieur, parce qu'à l'intérieur, j'étais actif ! J'étais en contrôle, détaille-t-il immédiatement. Quand on voit ça de l'extérieur, on voit juste une voiture qui part en boule de feu, c'est choquant."
"C'est une expérience de vie qui restera à jamais, et qui me permettra d'avoir comme une seconde naissance, de voir la vie différemment."
"Vous vous souvenez de tout ?" demande Thomas Sénéchal, sur le plateau de Canal +. "Oui de tout," répond Romain Grosjean du tac au tac.
"De l'impact, qui me semble pas plus violent que ça, commence Romain Grosjean. De défaire la ceinture de sécurité. De vouloir sortir de la voiture, de me retrouver bloqué. Me dire que je dois être sur le toit, que c'est pas grave on va venir me chercher. De me rasseoir, attendre, regarder sur le côté gauche, et voir une grande lumière orange. Pas comprendre au début ce que c'est, de réaliser que c'est du feu. De vouloir sortir à droite, de ne pas y arriver, de vouloir sortir à gauche, de ne pas y arriver. De me rasseoir."
"De penser à Nikki Lauda. De jurer un peu, en me disant que ça ne peut pas se terminer comme ça. Ma dernière course, ça ne pouvait pas être ça. Puis de me rasseoir, de voir la mort. De penser que ça y est c'est terminé, je vais mourir. Avoir le corps qui se relâche, qui accepte et qui se demande par quel côté je vais commencer à brûler."
"Je leur ai dit non, j'avais envie de marcher"
"Et puis, avoir cette pensée pour mes enfants. De tirer sur mon pied gauche comme pas possible, pour le débloquer. C'est pour ça que ma chaussure est restée coincée. De tourner la tête sur le côté, de mettre les mains sur le feu et voir mes gants, normalement rouges, qui commencent à noircir et brûler. Sentir la douleur sur les mains. Réussir à passer ma tête et mon buste. Et au moment où je passe mon buste, je sais que je vais vivre."
"J'ai les mains brûlées certes, mais je suis sorti de là. Et puis là, je sens la main de Ian Roberts [médecin de la medical car], qui vient accrocher le dessus de ma combinaison, et me tirer vers l'avant. Ensuite, je n'ai aucune idée si je suis en feu ou pas. Il me tapote sur le dos, je ne sais pas si je suis une boule de feu qui marche."
"De sentir mes mains brûlées, d'enlever mes gants tout de suite pour ne pas que la peau colle aux gants. D'avoir mal au pied, c'est le pied d'ailleurs qui m'a fait le plus mal."
"Ensuite, on m'a dit que l'ambulance était là, qu'on allait prendre la civière. Je leur ai dit non, j'avais envie de marcher, que l'hélicoptère prenne cette image de moi qui marche vers l'ambulance, pour montrer à tout le monde que ça allait. Et puis ensuite, la douleur qui commence à se réveiller et faire mal."
Encore marqué par son accident, Romain Grosjean travaille pourtant d'arrache-pied afin de revenir lors du GP d'Abu Dhabi, qui se tiendra la semaine prochaine. Le Français souhaite "remonter dans la voiture" une fois pour toutes.
Le courage d'un champion, qui tirera un trait sur la Formule 1 à l'issue de la saison.