Huitième manche de la saison 2023 à Montréal, à l'occasion du Grand Prix de Formule 1 du Canada. Pour patienter jusqu'au départ de ce week-end, on revient sur cinq moments dramatiques qui ont marqué le circuit Gilles Villeneuve.
Caractérisé par sa voie des stands près du tracé, ses chicanes, épingles et lignes droites, le Grand Prix du Canada offre souvent son lot de spectacle.
Un spectacle qui tourne parfois au drame pour certains pilotes. On revient sur cinq moments qui ont marqué le course sur le circuit Gilles Villeneuve.
1991 : Nigel Mansell de héros à zéro
Au départ du Grand Prix du Canada 1991, les deux Williams de Riccardo Patrese et Nigel Mansell s'élancent de la première place. Au départ, Mansell profite d'une hésitation de Patrese au premier virage et fait l'extérieur à son coéquipier.
Le Britannique prend la tête de la course devant l'Italien qui emmène Senna et Prost derrière lui. La course est un long fleuve tranquille pour Mansell qui accentue son avance tour après tour jusqu'à compter 50 secondes d'avance sur son premier poursuivant à quelques tours de l'arrivée.
Bientôt 12 écuries en Formule 1 ?
Au volant de sa Williams, confectionnée à l'époque par un certain Adrian Newey, le pilote entre dans sa dernière boucle et va s'imposer logiquement à Montréal.
Sauf qu'à l’épingle du pont Jacques-Cartier, le Britannique freine et le moteur se tait. La Williams ralentit puis s'immobilise. Fou de rage, Mansell assène de grands coups de poing sur le châssis et le volant de sa monoplace qui vient mourir sur le bas-côté.
Impuissant, le pilote Williams voit passer Nelson Piquet à 500 mètres de l'arrivée. Le Brésilien, rival de Nigel Mansell depuis leur passage chez Williams, n'en croit pas ses yeux et remporte ce Grand Prix du Canada devant Modena et Patrese.
Quand j'ai vu Mansell arrêté sur le bord de la piste, j'ai exulté de bonheur !
Nelson Piquet après le Grand Prix du Canada
À la sortie de la course, tous les regards sont dirigés vers Mansell. Est-ce un problème survenu au pire moment ou une erreur du Britannique ? S'il déclare que la boîte de vitesses ne répondait plus, certains journalistes présents attestent avoir vu Mansell saluer la foule avant de perdre l'épingle. Le pilote aurait tout simplement oublié de passer un rapport, cause de son arrêt soudain sur la piste.
"J'arrivais dans l'épingle, je passais de la 5e à la 4e et tout s'est arrêté, comme s'il y avait une panne électrique", raconte, dépité, Nigel Mansell après la course.
1998 : un départ chaotique et un record
À l'extinction des feus, David Coulthard conserve sa première place devant Michael Schumacher et Mika Häkkinen. Ralf Schumacher cale au moment du départ et crée la confusion chez les pilotes s'élançant derrière.
Au premier virage, Wurz tente de faire l'intérieur à Jean Alesi, mais freine beaucoup trop tardivement. Résultat, la Benetton percute la Sauber du Français et part en tonneau dans le bac, en entraînant les monoplaces d'Alain Prost et de Trulli. Le drapeau rouge est immédiatement agité.
Vingt minutes plus tard, les pilotes sont de retour sur la grille pour le deuxième départ de ce Grand Prix. Comme lors du premier essai, Coulthard conserve sa première place tandis que cette fois Michael Schumacher se fait surprendre par Fisichella, qui tombe au point mort avant le premier virage.
De son côté, Ralf Schumacher coupe cette première boucle et effectue un 360 sur la piste, provoquant la panique sur le circuit.
Salo passe par le gazon pour éviter l'accident, mais revient sur la piste au niveau de Wurz qui percute Trulli. L'Italien est projeté sur la monoplace de Jean Alesi et les deux pilotes se retrouvent, de nouveau, immobilisés.
Les commissaires agitent le drapeau jaune alors que le feu prend sur la monoplace d'Alesi qui a pu s'extraire de la Sauber. La voiture de sécurité est de sortie et il faudra 7 tours avant de voir le Grand Prix du Canada reprendre son droit.
À l'image de ce départ, le Grand Prix du Canada 1998 virera au chaos alors que la course, remportée par Michael Schumacher, fut interrompue à quatre reprises. La voiture de sécurité est déployée à trois reprises. Un record à l'époque !
2007 : Le terrible crash de Robert Kubica
Parti en huitième place de ce Grand Prix, le Polonais est sixième lorsqu'il va être victime d'un des accidents les plus impressionnants de l'histoire de la Formule 1.
À l'aspiration pour tenter de dépasser Trulli, Kubica touche l'arrière de la Toyota et décolle avant de s'écraser violemment contre le rail, puis d'être projeté sur la piste. L'épave de la BMW finit sa course contre les barrières à gauche du circuit.
"Cet accident a été le plus gros de ma carrière. Compte tenu de la vitesse, du déroulement de l'événement, de l'impact lui-même et de ce qui me serait arrivé, il faut admettre que j'ai eu beaucoup de chance à ce moment-là. La dernière chose que j'ai vue, ce sont les tribunes et le ciel. Dans une telle situation, vous avez l'impression de décoller en avion. Vous montez et vous n'avez aucune idée de ce qui va se passer ensuite. J'ai perdu connaissance pendant quelques secondes. L'impact a été énorme. Ma chance, c'est que la force s'est propagée sous la voiture", était revenu le pilote polonais après son accident.
Plus de peur que de mal pour Kubica qui restera finalement qu'une seule nuit à l'hôpital. Un miracle au vu de la puissance de ce crash, qui reste, 16 ans plus tard, dans toutes les mémoires.
2008 : Le crash de Räikkönen, Hamilton et Rosberg dans la voie des stands
Alors qu'après 14 tours, Lewis Hamilton se retrouve en tête du Grand Prix du Canada 2008, suivi par Kubica, Räikkönen et Rosberg, la voiture de sécurité entre en piste suite à l'abandon de Sutil.
Pilotes et écuries profitent de l'interruption pour effectuer leur arrêt aux stands. Il faut rappeler qu'à cette époque, les pilotes partaient avec le restant d'essence des qualifications dans le réservoir.
Leader de la course, le ravitaillement en essence d'Hamilton est plus long que celui de Räikkönen et Kubica qui ressortent avant le Britannique. Alors que les deux pilotes arrivent à la sortie des stands, le feu est rouge et ils doivent patienter avant de reprendre la piste.
Le jeune pilote McLaren arrive à son tour, mais distrait, il aperçoit le feu rouge beaucoup trop tard. S'il saute sur les freins et essaie de dévier sa trajectoire, la manœuvre est peine perdue, Hamilton percute l'arrière de la monoplace de Räikkönen, avant de lui-même se faire percuter par Nico Rosberg qui arrivait.
Au final, seul Rosberg a pu reprendre ce Grand Prix du Canada. Robert Kubica, 1 an après son terrible accident, signera sa seule victoire en Formule 1 au volant de sa BMW. Les futurs coéquipiers chez Mercedes, Hamilton et Rosberg, écoperont de 10 places de pénalités sur la grille lors du prochain Grand Prix.
Si McLaren a tenté de partager les torts avec son pilote, Lewis Hamilton a été reconnu coupable de cette erreur.
"Lewis connaissait le jeu et connaissait la situation, il y a eu un moment de distraction et il n'a pas tout compris, tout comme Nico une seconde plus tard. Il a vu le feu, on lui a dit, mais je crois qu'il avait plusieurs choses à l'esprit à ce moment-là et il a fait cette erreur d'appréciation…", a constaté Martin Whitmarsh, directeur de McLaren.
"Avant mon arrêt au stand, tout semblait sur la bonne voie pour un résultat parfait. Nous étions si rapides, mais ce n'était pas un bon arrêt au stand et en sortant, j'ai vu deux voitures se placer devant moi puis tout d'un coup ils se sont arrêtés. À ce moment, il était trop tard pour les éviter. C'est juste malheureux quand des choses comme ça se produisent, mais je n'ai aucune excuse”, a reconnu celui qui sera sacré champion du monde à l'issue de la saison.
2019 : Vettel n'accepte pas la victoire d'Hamilton
En pole position à Montréal, Sebastian Vettel conserve la tête de la course au départ et creuse un petit écart avec Lewis Hamilton, son premier poursuivant.
Tout au long du Grand Prix, l'Allemand garde le contrôle de la course et l'écart entre les deux pilotes oscille entre 1 et 3 secondes. Jusqu'à ce 47ème tour où Vettel part à la faute au volant de sa Ferrari alors que le Britannique était à moins d'une seconde derrière.
Dans le virage 4, le quadruple champion du Monde perd l'arrière de sa Ferrari et se retrouve dans l'herbe avant de reprendre la piste devant Hamilton. Le Britannique est obligé de freiner pour éviter la collision.
10 tours plus tard, la sanction tombe. Vettel, toujours en tête du Grand Prix du Canada, écope de 5 secondes de pénalité et devient provisoirement 2ème du Grand Prix. Malgré sa tentative de repousser le pilote Mercedes à plus de 5 secondes, il réussit à prendre 3 secondes d'avance avant de voir Hamilton augmenter son rythme.
Le pilote Ferrari prend en premier le drapeau à damier, mais avec seulement 1 seconde d'avance sur Hamilton qui remporte le Grand Prix du Canada 2019.
"J'étais le plus rapide et j'essayais de pousser "Seb" à la faute, il l'a faite. J'ai sauté sur l'occasion, attaquant à fond le virage. Mais il est revenu en piste, juste devant moi, j'ai sauté sur les freins. Même après sa pénalité, j'ai continué à attaquer, mais ce n'était pas facile, car ce week-end, les Ferrari étaient très rapides. Bon, j'aurais aimé gagner d'une autre manière".
Après la course, se sentant victime d'une injustice, Sebastian Vettel retire le panneau "n°1" placé devant la Mercedes de Lewis Hamilton et le remplace par le panneau "n°2". Un geste fort qui fera le tour de la planète.
"C'est simple, vous avez vu les images : j'ai perdu l'arrière de la voiture, j'étais à la limite, à fond pour contrôler Hamilton. L'herbe n'est pas réputée pour avoir beaucoup d'adhérence, vous savez. Je ne pouvais rien faire d'autres. Je ne pouvais pas voir non plus où était Lewis. Je n'ai que deux mains, je ne pouvais pas appeler mon stand pour demander sa position. Je me doutais bien qu'il était derrière, mais je ne pouvais pas aller ailleurs", avait déclaré, plein d'amertume, l'Allemand suite au Grand Prix du Canada.