De ses débuts comme ingénieur de piste chez ASM jusqu'à son poste de Team Principal chez Ferrari, Frédéric Vasseur a consacré sa vie au sport automobile. Un investissement orné de victoires dont la plus prestigieuse de sa carrière, ce dimanche, à Singapour qu'il doit à la stratégie mise en place.
Victorieux dans toutes les catégories inférieures (GP3 et GP2), Frédéric Vasseur a remporté ce dimanche, sa première course en Formule 1, de surcroît sous les couleurs de la Scuderia Ferrari.
Une victoire après plus de 30 ans dans le sport automobile et 8 ans après son arrivée dans la catégorie reine.
"Je n'ai pas pensé à ce parcours quand j'étais sur le podium. 35 ans de sacrifice ? Non je ne pense pas, ça a toujours été un plaisir, c'est peut-être un sacrifice pour ma famille, mais pas pour moi. Je profite du moment, c'est ma première victoire en tant que Team Principal, je sais que je ne serai pas toujours sur le podium, on le voit cette année".
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Ce succès, le 243ème de Ferrari en Formule 1, le deuxième dans la carrière de Carlos Sainz et également le premier non acquis par Red Bull cette saison, est le fruit d'un travail acharné de l'écurie depuis plusieurs semaines.
"Ce n'est pas un accomplissement, ce n'est qu'une étape, ça fait plaisir pour l'ensemble de l'équipe après des débuts difficiles. À Monza, on s'attendait à être performant, mais ici pas du tout. C'est une merveilleuse émotion après une première partie de saison difficile".
La stratégie payante de Ferrari, dictée par Frédéric Vasseur
Si Ferrari a montré dès les essais libres sa performance sur les longs relais comme sur les simulations de qualifications, ce succès est aussi celui de Frédéric Vasseur et de ses hommes sur le muret des stands qui ont parfaitement géré la complexité du Grand Prix de Singapour, dès le 1er tour.
"On avait un plan hyper clair avec Charles qui partait en soft et qui a vite pris la deuxième place. Le plan était de dépasser Russell, pas Sainz. La position sur la piste à Singapour est cruciale et importante pour protéger Carlos. C'est aussi pour cela que nous demandons à Charles de ralentir un peu dans les premiers tours. C'était le plan du premier tour".
Une stratégie remise en cause par la voiture de sécurité provoquée par Logan Sargeant dans le premier tiers de la course et qui a vu Leclerc être retiré de l'équation.
"La safety car nous a gêné, on a perdu Charles dans le trafic qui est reparti 5ème après son arrêt. Le plus important, c'était de garder le peloton derrière nous pour pas permettre d'undercut et Carlos a parfaitement géré".
Alors qu'on avançait vers une victoire de Carlos Sainz devant George Russell, la voiture de sécurité virtuelle qui a fait suite à l'abandon d'Esteban Ocon, a redistribué les cartes lors des 18 derniers tours.
"Pour Mercedes cela avait du sens de tenter ce coup. Ils butaient derrière nous et disposaient également d’un train de mediums neuf. Je pense qu’ils l’ont fait en espérant une deuxième voiture de sécurité avant la fin de la course. De notre côté, on a préféré garder Charles en piste pour protéger Carlos et lui éviter d’attaquer trop fort dans les derniers tours”.
Carlos Sainz en maître à Marina Bay
Impossible d'évoquer la première victoire de Ferrari en 2023 sans parler de Carlos Sainz. Car, c'est le pilote espagnol qui a dominé les essais libres 2 et 3 puis les qualifications et enfin la course à Singapour. Un week-end tout en maîtrise dû à son sang-froid et à sa lecture impressionnante de la course.
Alors que Charles Leclerc, en pneus usés, n'a pas pu résister longtemps au retour des Mercedes, le pilote espagnol ralentit afin de permettre à Lando Norris de disposer du DRS pour mieux se défendre sur George Russell et Lewis Hamilton.
"Carlos a été extra tout le week-end, en étant très intelligent, en gérant la course et en ménageant ses pneus, je suis plus que ravi pour lui. Je n'étais pas stressé, car j'avais l'impression que Carlos était dans le contrôle."
"Le fait de garder Norris dans le DRS pour qu'il puisse résister aux Mercedes, c'était très bien géré. C'était son idée, il savait que le risque, c'était les Mercedes. Avec McLaren et Norris, nous étions avec les mêmes pneus depuis l'arrêt aux stands, nous n'aurions pas été en danger. Toute la course, il a été dans cette gestion et il l'a fait à merveille", s'est enchanté Frédéric Vasseur.
"Il faut rester calme avant d'aborder la suite", pour Frédéric Vasseur
Depuis le week-end de reprise compliqué à Zandvoort, Ferrari progresse, mais le Français tient à garder son équipe mobilisée et prône le calme après la victoire à Singapour.
"Il faut rester calme et ne pas tirer de conclusions hâtives. Quand les choses tournent mal, ce n’est pas comme si il fallait tout changer. Nous ne sommes pas devenus champions du monde en deux semaines. Il faut garder la même approche et évoluer étape par étape. Il n’y a pas de tours de magie en Formule 1, on ne trouve pas deux ou trois dixièmes d’un seul coup. À Zandvoort, nous avons beaucoup appris dans les réglages de la voiture. C’est de ça que nous avons pu retrouver la performance à Monza et ce week-end".
Un pas en avant suffisant pour arriver à Suzuka en tant que favori ? Pas selon Frédéric Vasseur : "À Singapour, nous avons rencontré des conditions particulières dans lesquelles il était essentiel d'avoir d'excellentes performances avec les pneumatiques, mais au Japon nous repartirons de zéro. Ce n'est pas comme si nous étions champions du monde à partir d'aujourd'hui. Nous devons profiter de ce résultat, mais continuer à travailler pour donner suite aux progrès que nous faisons. On a encore du travail à faire, parce que je pense que Red Bull ne sera pas à la ramasse tous les week-ends. Il faut revenir avec le couteau entre les dents dès la semaine prochaine".