Tant difficile que légendaire, le Grand Prix de Monaco a été le théâtre de nombreuses batailles mythiques entre les meilleurs pilotes de tous les temps. Graham Hill, Niki Lauda, Alain Prost, Ayrton Senna ou encore Michael Schumacher se sont illustrés à de multiples reprises en Principauté. Des noms qui ont fait de Monaco, un lieu incontournable du sport automobile, mais qui ont également chargé d'histoire les rues monégasques.
Entre 1982 et la salve d'abandons survenus dans les derniers tours et 2016 avec la malchance de Ricciardo, en passant par 1996 et l'hécatombe sous la pluie monégasque, voici les 5 Grands Prix de Monaco les plus spectaculaires des 40 dernières années.
1982, abandons à la pelle
Ce Grand Prix de Monaco est probablement le plus fou de l'histoire tant ses derniers tours ont bouleversé l'issue de la course. Le 23 Mai 1982, Alain Prost file vers son premier succès à Monaco au volant de sa Renault. Cependant, alors qu'il ne reste que 2 tours à effectuer pour aller remporter cette course, Prost va commettre une erreur irréparable. En effet, sur un asphalte détrempé, le Français perd le contrôle de sa monoplace et est contraint d'abandonner. Il laisse alors la tête de la course à Riccardo Patrese qui s'envole vers la victoire au volant de sa Brabham. Mais l'Italien part également à la faute dans la descente de Mirabeau et se retrouve en tête-à-queue au virage du Loews. L'italien se fait alors doubler par la Ferrari de Pironi, l'Alfa Romeo de De Caesaris puis, par la Lotus de De Angelis.
Didier Pironi prend alors la tête de la course, mais pas pour longtemps. En effet, alors qu'il entame son dernier tour, le Français se retrouve en panne d'essence. Il est suivi quelques secondes plus tard par Derek Daly et Andrea De Caesaris. Un revenant peut alors chercher sa première victoire en F1 et son seul et unique succès à Monaco. Il s'agit de Riccardo Patrese qui, après avoir été remis en piste par les stewards, a pu repartir et terminer la course. Un Grand Prix à rebondissements qui a finalement été remporté par un pilote parti à la faute deux tours plus tôt. Didier Pironi terminera tout de même deuxième, malgré sa panne d'essence. Un Grand Prix digne d'un film d'animation.
Monaco Grand Prix, Monte Carlo, 23 May 1982 🇲🇨
1st Riccardo Patrese 🇮🇹 Brabham-Ford-BT49D 🏁🏆🍾
2nd Didier Pironi 🇫🇷 Ferrari 126C2
3rd Andrea de Cesaris 🇮🇹 Alfa Romeo 182Pole position - René Arnoux 🇫🇷 Renault RE30B
Fastest lap - Patrese© Motorsport Images #F1 pic.twitter.com/w1JgQ5vU1T
— F1 Nostalgia 🏁 (@_F1_Retro) May 23, 2022
1984, Prost vainqueur sur drapeau rouge
Le 3 Juin 1984 est également une course au scénario imprévisible. Le poleman du jour, Alain Prost, est en passe de remporter son premier Grand Prix de Monaco. Après avoir quitté Renault pour McLaren, le Français est l'un des favoris pour la victoire finale au championnat du Monde mais se bat face à un grand Niki Lauda. Cependant, dans les rues de Monaco, c'est bien Prost le plus rapide. Ayrton Senna fait son apparition en Formule 1 en 1984 au volant d'une Toleman et compte bien peser sur la course.
En ce jour de course, la pluie s'invite sur Monaco pour la troisième année consécutive. Au départ, Prost se fait dépasser par Mansell qui semble traverser les gouttes d'eau. De nombreux pilotes partent à la faute et abandonnent. C'est notamment le cas de Mansell, leader de la course qui tape le rail, abandonne et redonne l'avantage à Prost. Mais le rookie Senna n'allait pas laisser la tâche si facile à son futur rival. En effet, pour son premier Grand Prix de Monaco, le pilote brésilien impressionne. Parti en fond de grille, Senna remonte tout le peloton. Il se retrouve deuxième et rattrape Prost comme une fusée sous une pluie persistante.
Mais au terme du 31ème tour, le directeur de course, un certain Jacky Ickx arrête la course pour des raisons de sécurité. Une décision aussi douteuse que controversée qui donne la victoire à Alain Prost. Cependant, alors que les pilotes devaient couvrir 76 tours, ils n'en ont couru que 31. Les pilotes se voient donc attribuer seulement la moitié des points à cause de cette décision. Prost remporte Monaco devant Senna qui serait probablement allé chercher la victoire tant il survolait la course. Le Brésilien signa, en ce jour, le premier podium de sa fructueuse carrière en F1.
#OnThisDay in '84 @Prost_official won at #Monaco for us. But the stars of the show were Ayrton Senna & Stefan Bellof. pic.twitter.com/pMdKwFMAGA
— McLaren (@McLarenF1) June 3, 2015
1988, Senna rentre à pied
En 88, la rivalité Senna-Prost bat son plein. Coéquipiers chez McLaren, les deux rivaux se livrent une bataille féroce, bataille également passée par la Principauté. Auteur de la pole position, Senna confirme qu'il est chez lui dans les rues de Monaco. Son tour de qualifications est jugé comme l'un des plus beaux tours jamais réalisés en Formule 1. En Principauté, il est à l'aise et compte déjà un succès obtenu l'année précédente, en 87, avec sa Lotus.
Ce 15 Mai 1988, le Brésilien survole la course. Il va même compter 50 secondes d'avance sur son rival, Alain Prost. Le Français en 3ème position pendant de nombreux tours, a grandement été gêné par Gerhard Berger plus en délicatesse avec sa Ferrari. Cependant, Senna alors loin en tête se laisse aller à la facilité et se déconcentre quelque peu. Alors qu'il ne lui reste que 11 tours à boucler avant l'agitation du drapeau à damiers, le leader de la course tape le rail dans le virage du Portier et est contraint d'abandonner la course. Il offre donc sur un plateau la victoire à Prost.
Mécontent et plein de culpabilité, Senna boycotte les médias et son écurie. En effet, juste après ce crash, il quitte directement le circuit et s'en va retrouver son domicile à pied. Le Français prend alors la tête du championnat qu'il perdra en fin de saison au profit de son rival. En effet, en 1988, Ayrton Senna est alors au sommet de son art malgré cette grosse erreur qui est partie intégrante du mythe dont il est l'acteur.
1996, seulement 3 pilotes sur la ligne d'arrivée
La dernière victoire Française à Monaco, c'est Olivier Panis qui l'a signée. Cependant, personne ne pariait un sou sur le pilote Ligier avant la course. En effet, Michael Schumacher est alors en pole et Damon Hill, le favori de la course, est au volant d'une Williams plus que dominatrice. Olivier Panis, s'élance de la 14ème place, et personne ne pouvait s'attendre à un tel scénario.
Au cours d'une course décousue où la pluie est de la partie, Schumacher tape le rail dès le premier tour. Hill en tête pendant 40 tours est victime d'une casse moteur ruinant alors tous ses espoirs de victoire. Jean Alesi se retrouve quant à lui en tête suite au problème du pilote Williams. Or, ce n'est pas terminé. Alors en tête, Alesi filait vers la victoire. Cependant, alors qu'il pensait avoir crevé, le pilote Benetton se fait arrêter par ses mécaniciens dans la voie des stands après avoir remarqué une rupture de la suspension arrière du Français.
Panis se retrouve alors en tête et part chercher la victoire alors que seulement trois pilotes passeront la ligne d'arrivée suite à des derniers tours complètement catastrophiques avec de multiples collisions et abandons en tous genres. Il s'agit alors de la seule et unique victoire de Panis en Formule 1. La dernière victoire française en Principauté ou autrement dit, la fin d'une ère pour le sport automobile tricolore.
After starting 14th, Olivier Panis came through to take his first & only GP win & Ligier's last. It was also Mugen’s first GP win.
Monaco GP, Monte Carlo, 19th May 1996. #F1pic.twitter.com/hZn4nQm6k1— F1 in the 1990s 🚦🏎🏁🏆🍾 (@1990sF1) May 19, 2022
2016, Ricciardo inconsolable
Dans la F1 moderne, les Grands Prix de Monaco ne sont plus autant spectaculaires qu'avant. Le spectacle se cantonne aux qualifications où la course se joue principalement. Or, pour cette édition 2016, la pluie s'invite en Principauté. Comme les courses les plus légendaires à Monaco se sont déroulées, pour la plupart, sur un asphalte détrempé, c'est avec beaucoup de questionnements que cette course débute.
Poleman du jour, Daniel Ricciardo impressionne à Monaco. Le leader de l'écurie Red Bull veut la victoire et personne ne semble en mesure de l'atteindre en ce 29 Mai 2016. Cependant, si les positions ne peuvent se jouer sur la piste, elles se jouent parfois dans les stands. C'est le cas pour Red Bull qui commet l'erreur de l'année. Alors que la piste est séchante, les pilotes rentrent aux stands pour passer les pneus tendres. Cependant, scène surréaliste, les pneus softs de Ricciardo ne sont pas prêts et l'Australien perd un temps précieux dans les stands.
Alors que la victoire semblait entre ses mains, Ricciardo ressort finalement derrière Hamilton et perd la course sur cette grossière erreur de l'écurie autrichienne. Le pilote Red Bull gardera pendant très longtemps cette déception en travers de la gorge et Red Bull passera de nombreuses semaines à s'excuser en public et en privé auprès de son pilote. Deux années plus tard, l'Australien remporta finalement l'édition 2018 du GP de Monaco. Ce sera alors la véritable consolation et la revanche sur 2016 !
Heartbreak in Monaco, 2016 💔 👀
The fortunes of an F1 driver can change in an instant
Watch every 2020 driver's most agonising F1 moment so far - including a devastating day for @danielricciardo #F1
— Formula 1 (@F1) November 21, 2020