Depuis son déclassement chez Alpine, Laurent Rossi en prend pour son grade. Après Alain Prost, c'est un autre ancien de la maison, Cyril Abiteboul, qui l'a accusé d'être responsable de la situation actuelle d'Alpine.
Cyril Abiteboul, ancien directeur général de Renault, est revenu sur la reconstruction de son ancienne équipe en Formule 1 pour Franceinfo. Pour lui, les différents départs d'Otmar Szafnauer, Pat Fry et Alan Permane reflètent un manque de patience et d'excès de confiance de l'écurie.
"Cela traduit une insatisfaction sur les résultats et très probablement d’une perte de patience de la part du comité de direction du groupe Renault. Au-delà de l’impatience, il y a peut-être eu aussi un peu d’arrogance en début de saison ou d’excès de confiance. Quand on ne se confronte pas à la réalité, au bout d’un moment on peut soi-même se raconter des histoires. Il n’est pas exclu que l’histoire que l’on se racontait en interne fût trop flatteuse".
F1 - Alpine : le tacle d'Alain Prost envers Laurent Rossi
Cyril Abiteboul souligne le manque de développement d'Alpine comparé à ses autres concurrents au championnat cette saison : "Les variations de compétitivité sont pour tout le monde cette saison, à part Red Bull. Alpine, ils sont toujours un cran en dessous."
"C’est parfois un peu de leur faute, parfois non. Ils perdent un grand nombre de points, ce qui les place 6e au championnat constructeurs, bien loin des objectifs annoncés. La compétitivité de la voiture en début de saison était en dessous, et ils n’ont pas eu cette évolution qu’ont eue d’autres équipes : McLaren dernièrement, Mercedes, Ferrari, Aston Martin en début de saison".
100 courses pour gagner : Alpine trop impatient ?
En 2021, Laurent Rossi était arrivé au sein de l'écurie tricolore avec pour objectif de jouer le championnat du monde au bout de 100 courses.
Une prise de position et une communication critiquée par le nouveau Team Principal de Hyundai en WRC : "Les plans à quantifier à 100 Grands Prix, pourquoi pas 120, pourquoi pas 80… Je ne les comprends pas. Quand on commence à afficher un plan comme ça, on est sûr d’avoir faux, car on ne maîtrise pas ce que font les autres en Formule 1. Les investissements colossaux d’Aston Martin, la dynamique hallucinante de Red Bull, tout ça ne va pas s’arrêter parce qu’on arrivait au Grand Prix 99 de Laurent Rossi”.
Pour Cyril Abiteboul, l'écurie n'a pas laissé le temps aux hommes en place d'installer leurs idées et faire leurs preuves : "La direction précédente a tenu à faire un reset complet après mon départ, qui avait écarté une quinzaine de personnes. On le sous-estime tout le temps en F1 comme dans d’autres secteurs ultra concurrentiels : aller chercher quelqu’un à la concurrence, ça prend du temps. Quand on perd 15 personnes et qu’on recrute… Il se passe deux à trois ans avant que ça ne fasse effet. Le remaniement que Laurent Rossi a souhaité faire, on n’a même pas vraiment vu ce qu’il donnait".
Pas un pilote emblématique
Un autre problème souligné par le dirigeant français, le fait qu'entre Ocon et Gasly, aucun pilote ne se détache comme représentant d'Alpine.
"Deux noms, c’est un de trop. Quand on ferme les yeux, qu’on pense à Mercedes, on pense à Lewis Hamilton, même si Nico Rosberg a fait des choses extraordinaires. Quand on pense à Red Bull, on pense au premier cycle autour de Sebastian Vettel, puis au deuxième cycle autour de Max Verstappen. Il y a besoin d’avoir un pilote qui soit aussi un peu le patron d’équipe, cette force de l’incarnation, elle est fondamentale".
Hors Red Bull, l'écart entre les équipes se rétrécit au fil de la saison, et pour Cyril Abiteboul, c'est la détermination et l'ambition du groupe Alpine pour la Formule 1 qui fera passer l'équipe du bon côté ou non de la grille.
"Aujourd’hui, la grille est très compétitive, toutes les voitures finissent dans le même tour. Il va y avoir dans quelque temps une quasi-égalité des armes, et ce qui fera la différence, c’est l’ambition, la détermination".