À 80 ans, Jean-Pierre Jabouille s'est éteint ce jeudi 2 février. En 1979, il devenait le premier pilote à gagner avec Renault en F1.
Celui qui restera comme le symbole des débuts et premiers succès de Renault en Formule 1 nous a quittés. Durant toute sa vie, Jean-Pierre Jabouille n'a cessé de clamer son amour pour le sport automobile.
Les débuts
Né à Paris, le 1er octobre 1942, le Français fera ses débuts en Formule 1 en 1974, à 34 ans. Il débarque chez Williams avec qui il prendra son premier départ en 1975.
Suite à des débuts peu convaincants, il retournera en Formule 2 lors de la saison 1976. Il terminera cet exercice champion d'Europe de la catégorie.
La naissance de Renault et du Grand Blond en F1
En 1977, il prend part à l'aventure qui voit l'écurie française débarquer pour la première fois en Formule 1.
Diplômé en tant qu'ingénieur, celui qu'on surnomme "Le Grand Blond" va être acteur de l'une des révolutions majeures dans la catégorie reine : le moteur turbo. À cette époque, le constructeur français est le seul de la grille à privilégier le moteur turbocompressé à 6-cylindres, aux moteurs V8 ou V12.
Victime de railleries, la Renault se fera appeler "la théière jaune" dû au moteur qui dégageait couramment de la fumée hors de la monoplace. Et si le Parisien ne dispose pas d'un palmarès à la hauteur de son talent, c'est pour cet amour du sport automobile et de sa recherche constante d'évolution. Ce dernier qui s'est inspiré, avec les ingénieurs Jean-Pierre Boudy et Bernard Dudot, de la technologie des camions américains afin de confectionner ce moteur.
En 49 Grands Prix, il abandonnera à 37 reprises, la plupart du temps à cause de ce moteur turbo.
"Pour moi, c'était frustrant d'avoir toutes ces casses alors que je pilotais un avion de chasse", avouera-t-il à l'époque.
Une première victoire
À force d'abnégation et de travail, Renault et Jabouille arriveront à faire triompher la "théière jaune" en 1979.
Ironie de l'histoire, ce succès remporté sur le circuit de Dijon-Prenois sera éclipsé par la bataille entre Gilles Villeneuve (2ème au volant de sa Ferrari) et René Arnoux (3ème).
L'écurie et le pilote décrochent, respectivement, leur tout premier succès en Formule 1. Devenant, par la même occasion, les premiers à monter sur la plus haute marche du podium avec le moteur turbo.
En 2018, il était revenu sur ce succès pour l'AFP : "Quand j'ai enfin gagné, c'était agréable, mais pas tant que cela. J'étais tellement persuadé que cela arriverait, que c'était normal. Ma joie était plus forte parce que ce succès arrivait en France devant mon public. Ça, c'était fort !"
Il poursuit : "Je pensais uniquement à terminer la course. Je savais qu’on avait une chance si on arrivait au bout. C’était une grande fierté parce que c’est dur de gagner en F1. Un soulagement aussi parce que j’avais souvent été en tête et, à chaque fois, j’avais connu des problèmes de fiabilité".
Cette victoire en précédera une autre, en 1980, en Autriche.
Le retour à l'endurance, son premier amour
En 1980, la technologie du moteur turbo s'étend sur l'ensemble des monoplaces du plateau. Cette même saison, Jean-Pierre Jabouille cède sa place chez Renault à un tout jeune Alain Prost. Quant à lui, il s'engagera avec Ligier.
Victime d'un accident aux jambes au Canada quelques mois plus tôt, le Français n'a d'autres choix que d'arrêter sa carrière en Formule 1, après seulement trois départs avec sa nouvelle équipe.
Au total, il comptabilise 46 départs en Grand Prix, pour 2 victoires et 6 podiums.
Après deux 3ème place acquises en 1972 et 1973 lors des 24h du Mans, le Français remettra ça en 1992 et 1993 au volant d'une Peugeot et sous la direction de Jean Todt.
Lorsque ce dernier pliera bagages pour la Formule 1 et Ferrari en 1993, Jabouille prendra la tête de Peugeot-Sport.
En 1994, il négociera l'arrivée de la marque française en F1 en tant que motoriste chez McLaren. Malheureusement, l'histoire sera vite écourtée après avoir découvert que Ron Dennis, patron de l'équipe britannique, négociait avec Mercedes, un an de collaboration plus tard.
"Nous avions un contrat de trois ans, mais les Allemands étaient prêts à tout pour signer avec Ron Dennis. Frédéric Saint-Geours (président de Peugeot) n'a pas voulu suivre. C'est un gros gâchis, la plus grosse déception de ma carrière", confiera-t-il.
Si Peugeot rebondira en s'alliant à Jordan, le partenariat sera une déception et coûtera sa place à Jabouille, en 1995.
Par la suite, il créera sa propre écurie d'endurance, Jabouille-Bouresche Racing.
Les hommages
Depuis cette tragique annonce, quelques acteurs du monde de la Formule 1 ont tenu à rendre hommage à ce précurseur du sport automobile.
Le PDG de la F1, Stefano Domenicali, a déclaré dans un communiqué être "attristé par la nouvelle du décès de Jean-Pierre Jabouille". Avant de poursuivre : "Il a tant donné au sport automobile et à la F1 et nous chérissons sa mémoire et ses réalisations. Nos pensées vont à sa famille et à ses amis en ce moment triste".
Esteban Ocon a également réagi à la disparition du Français sur ses réseaux sociaux.
De même qu'Alpine qui sans Jabouille n'aurait peut-être pas connu les succès qui ont été les siens en Formule 1.
"Nous sommes où nous sommes aujourd'hui grâce à Jean-Pierre et son héritage perdura", précise l'écurie dans son message.
Jean-Pierre Jabouille, c'est un personnage qui manquera à tous les amoureux de sport automobile. C'est l'histoire d'un touche-à-tout qui n'a pas hésité à mettre de côté son palmarès pour ce qui croyait être une révolution.
Outre l'aspect comptable de ses deux succès en F1, de son nom qui fait partie des 14 français à être monté sur la première marche du podium, on retiendra sa passion pour ce sport qui le mènera à être reconnu comme précurseur.