Au micro de Canal +, Jean Todt, le président de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), revient sur la crise que traverse le monde entier, et notamment le sport automobile. Il évoque également le cas Ferrari, et la polémique autour de son unité de puissance utilisée l'an passé
Le Président de la FIA, Jean Todt est revenu sur l'actualité brûlante du moment pour Canal +. L'occasion de discuter du début de saison arrêté subitement à quelques heures des premiers essais du Grand-Prix d'Australie, de l'avenir de la Formule 1 et du sport auto, mais aussi du cas Ferrari, dont l'accord confidentiel a fait polémique.
L'annulation du Grand-Prix d'Australie à la dernière minute
À quelques heures des essais officiels du vendredi, la décision est tombée. Le Grand-Prix d'Australie, et donc le début de la saison, n'aura pas lieu. Une décision jugée tardive par certains, et dont Jean Todt souhaitait apporter un peu plus de clarté :
“Je pense que cela a été interprété de manière injuste (la décision du report du GP). Tout ce qui a été fait, l’a été de manière adapté. Surtout quand je vois qu’une semaine plus tard, les gens en France, sont allés voter,“ rétorque Jean Todt.
“Quelques heures avant la décision ne soit prise, nous avons eu des recommandations des organisateurs, du gouvernement et des services de santé australien, pour nous dire que toutes les conditions aient été réunies pour que le Grand-Prix ait lieu.“
"Je suis prêt à endosser une erreur, mais si on se retrouvait face à la même situation, je prendrais la même décision."
L'avenir de la Formule 1 en danger ?
“Il faut rester positif. La Formule 1 est un spectacle formidable. L’un de nos problèmes : c’est les coûts excessifs qu'engendre la Formule 1 pour les écuries. C’est pour cela qu’à partir de 2021, nous allons contrôler ces dépenses.“
“Il y aura aussi des victimes sur le plan industriel, il y aura un prix à payer. Il faudra en tenir compte pour toutes les disciplines automobiles. La crise doit être une opportunité d’assainir la situation, et faire en sorte qu’on puisse garder tous nos compétiteurs.“
Jean Todt le concède, la FIA a déployé “un plan d'urgence.“ Mais c'est surtout l'avenir du championnat qui pose soucis :
“Le problème se serait de décourager les nouveaux investisseurs, les sponsors. Il faut tout faire pour les motiver à s’engager dans le sport auto : la F1, la FE, l’endurance, mais aussi le WRC..“
Une nouvelle réunion avec les écuries vendredi
“Nous avons déjà pris certaines décisions. Le règlement technique prévu en 2021, a été décalé en 2022. Nous sommes en train de discuter des nouvelles limites budgétaires, avec des chiffres compatibles pour les petites équipes et les grandes.“
“J’espère pouvoir communiquer sur ce chiffre bientôt, mais en tout cas, c’est inférieur à tout ce qui été cité auparavant.“
La saison blanche est-il un cas de figure possible ?
“Tous les cas sont possibles. Nous espérons une reprise du championnat pour le mois de juillet, avec une revisite du calendrier totale, de juillet à décembre. Et dans ce cas, il pourrait avoir un championnat avec un nombre de course significatifs.“
“Si on fait une moyenne sur les 6 mois qu’il nous reste, on arrivera à faire un calendrier entre 15 et 18 épreuves. Mais la priorité n'est pas encore de savoir si c’est Grands-Prix se tiendront sur 2 ou 3 jours.“
L'accord confidentiel avec Ferrari
Dernier point évoqué dans cet entretien, c'est l'affaire Ferrari. Pour rappel, plusieurs équipes ont pointé du doigt l'an dernier, l'utilisation illégale de l'unité de puissance des monoplaces de Vettel et Leclerc. L'affaire s'est classée par un accord confidentiel entre la FIA et l'écurie italienne :
“Je comprends que cela est pu choquer. Le rôle de la FIA est d’être un régulateur, un législateur du sport auto. Nous avons vérifier le règlement, sans pour autant qu’il n’y est de réclamation officielles des autres équipes."
“Nous avons de notre chef, entamé une enquête extrêmement longue et détaillée mais il y avait quelque chose qui ne nous résultait pas. Cela a été contesté par Ferrari, mais nous n'étions pas en mesure de démontrer de manière certaine que le Ferrari était dans l'illégalité.“
“J’aurai pu mettre ce point devant la Cour d'appel de la FIA, ce qui aurait été préjudiciable pour l’image de la F1. Il était possible selon les statuts de la FIA, de faire un accord secret avec Ferrari. Il ne résulte pas de notre fait, car si cela n'était que de mon ressort, j’aurai voulu divulguer le détail de cet accord. Ferrari a refusé.“
“On a donc passé un accord avec l’écurie, mais nous n'étions pas obligé de le dire non plus. Nous avons peut-être été trop honnête. Mais on nous aurait reproché l'inverse si je ne l'avais pas fait.“
“Nous avons voulu le faire de la manière la plus transparente possible pour l’image de la F1.“
Une affaire dont le président de la FIA Jean Todt se serait bien passé, pour le bien du championnat.