Les héritiers de Pierre Bardinon, connu pour avoir créé la plus belle collection de Ferrari au monde, se disputent toujours la succession des voitures dans une intense bataille judiciaire. L'un des fils, Patrick Bardinon, vient d'être jugé coupable de recel successoral pour avoir vendu la 250 GTO de son père sans avoir prévenu son frère et sa soeur.
C'est une saga qui dure depuis plus de 10 ans. Située en Creuse (23), la collection Bardinon, qualifiée de plus belle et plus grande collection de Ferrari au monde et estimée à plus de 200 millions d'euros, risque bientôt d'être dissoute.
Patrick Bardinon, l'un des fils héritiers, a été jugé coupable de recel successoral par le tribunal de grande instance de Guéret.
Suite à la mort de son père, l'homme avait cédé la Ferrari 250 GTO dont il avait hérité pour 38 millions d'euros. Une opération qu'il avait caché à son frère et à sa soeur.
Un notaire a été désigné par le tribunal pour partager la fortune entre les trois enfants d'ici à un an. Si la fratrie ne tombe pas d'accord, le notaire pourrait mettre les biens aux enchères. Une fin terrible pour cette collection français acquise au fil du temps par un passionné et un amoureux du Cavallino Rampante.
Collection Bardinon : d'une querelle familiale à une bataille judiciaire pour des Ferrari d'exception
L'histoire débute dans les années 70 lorsque Pierre Bardinon, un Français qui a fait fortune dans la peausserie, se met à se composer sa propre collection de Ferrari.
Au fil des années, l'industriel parvient à accumuler des exemplaires mythiques jusqu'à détenir une trentaines d'autos. Essentiellement des modèles de course au palmarès triomphant, dont une très rare Ferrari 330P4 de 1967.
Quelques années plus tard, Pierre Bardinon réussit à mettre la main sur une Ferrari 250 GTO de 1964, puis deux, pour enfin en posséder trois en même temps.
À l'époque, l'homme les achetait pour une bouchée de pain. "Cette Ferrari 250 GTO, achetée 700 dollars et réparée pour 1.500 dollars, était revenue à la vie de la même manière que Patrick. Ce cadeau était, on le pense, très symbolique à ses yeux", avait confié Me Vincent Jamoteau, l'un des deux avocats de Patrick, faisant référence au grave accident du fils Bardinon dont il est finalement sorti indemne.
Considérée comme la "Joconde des Ferrari", cette diva italienne n'a été produite qu'à 36 exemplaires, et seulement 3 pour l'année 1964.
Les ennuis débutent alors en 2014, deux ans après le décès de Pierre Bardinon, autour de l'importante succession. Son fils, Patrick, décide alors de vendre la Ferrari 250 GTO de 1964 à un riche Taïwanais.
L'opération fait extrêmement de bruit puisque la sportive au Cheval Cabré est cédée pour 46 millions de dollars, soit 38 millions d'euros. À l'époque, il s'agit de la voiture la plus chère du monde !
Rapidement, cette vente se transforme en bataille judiciaire entre les enfants héritiers. Jean-François et Anne Bardinon entament des poursuites contre leur frère Patrick pour abus de confiance. Selon eux, la Ferrari appartenait à la succession.
De son côté, Patrick se défend en expliquant que la carte grise de la 250 GTO est à son nom. Son père lui aurait donné dans les années 70. Il est condamné une première fois en janvier 2020, par la Cour d'appel de Limoges, pour avoir "commis une faute civile en vendant la Ferrari qui faisait partie de la succession de son père."
Le fils de Pierre Bardinon doit rembourser la valeur du véhicule, soit 38,5 millions d'euros, à laquelle s'ajoute 300.000 euros par mois d'intérêts de retard.
Le 17 août 2023, la chambre civile du tribunal de grande instance de Guéret condamne Patrick Bardinon pour recel successoral, autrement dit pour avoir "détourné volontairement un bien lié à une succession."
La collection Bardinon situé en Creuse pourrait être divisée entre les trois enfants. Si quelques modèles ont déjà été vendus, la Ferrari 375 Plus victorieuse aux 24 heures du Mans en 1954 serait encore dans ce joyau.
Mais selon l'un des spécialistes de cette affaire, Jean-Pierre Doury, ces Ferrari pourraient être vendues à l'étranger : "Je suis très inquiet pour la collection, si elles sont vendues, ce sera à l'étranger. On va perdre une partie du patrimoine français".
Le bras de fer juridique autour de la succession de la plus belle collection de Ferrari au monde de Pierre Bardinon n'a pas fini de nous tenir en haleine.
Source : FR3 Limousin